Tenant compte de l’émergence de la parole et de l’écoute libérées par les médias sociaux lors des mouvements MeToo et de la séquence de dénonciations d’agression à caractère sexuel qui s’ensuivit au Québec comme ailleurs en Occident, comment aujourd’hui un projet artistique peut-il participer à l’affranchissement de la parole et du visage des femmes? Ce mémoire-création explore les notions de silenciation et d’invisibilisation des femmes, en même temps que les possibilités pour elles de s’en libérer en reprenant contact avec leur puissance, notamment par un usage conscient des instruments médiatiques que sont le cinéma, la vidéo, la photographie et la transmission audio. Il décrit différentes méthodologies testées par la réalisation de projets au cours du programme de maîtrise, tous cherchant à comprendre comment, par la captation de voix et de visages, il est possible d’offrir aux femmes une opportunité de réappropriation de leur pouvoir individuel et collectif. Cette recherche-création culmine dans une installation vidéographique documentaire réalisée en collaboration avec dix-neuf Montréalaises originaires de dix pays différents, qui permet de faire vivre aux personnes spectatrices une expérience de rencontre et de leur faire prendre conscience du trouble qui habite l’intérieur des femmes, et ainsi possiblement le leur. Ce faisant, l’oeuvre pose la question cruciale de ce que nous ne voyons pas, n’entendons pas, ne ressentons pas ou n’avons jamais voulu voir, entendre ou ressentir.